Le comité Technique de promotion de l’Industrie des médicaments à usage humain , dédié à l’Industrie Pharmaceutique, a finalement vu le jour en vertu d’un arrêté datant du 26 avril dernier.
Selon les professionnels du secteur, l’instauration de ce comité par la ministre de la Santé Publique, Sonia Ben Cheikh, constitue un message positif et vient traduire la volonté des autorités concernées de venir finalement en aide au secteur de l’Industrie Pharmaceutique confronté à diverses difficultés.
Fleuron de l’industrie tunisienne, l’Industrie pharmaceutique fait, en effet, aujourd’hui face à une série de problématiques dont particulièrement les pénuries récurrentes, l’augmentation incessante du coût de fabrication et les soupçons de corruption planant autour de certaines parties. Formé d’experts et de représentants des différentes structures de la santé, ce comité se veut un organisme doté d’un pouvoir décisionnel qui a pour objectif d’appuyer les projets et dossiers ayant un intérêt économique majeur et donc résoudre en urgence les maux du secteur.
Parmi ses principaux objectifs, on cite l’augmentation de la couverture totale de l’industrie pharmaceutique par la fabrication locale, l’évaluation du guide de l’enregistrement des médicaments à usage humain, la révision des délais d’enregistrement des médicaments à usage humain ainsi que la révision des critères de priorisation.
Quelques semaines après sa création officielle, ce comité Technique a tenu sa toute première réunion ce vendredi 31 mai 2019 au siège du ministère de la santé publique. Présidée par la ministre Sonia Ben Cheikh, cette réunion a vu la participation de hauts cadres du ministère et des représentants des différentes structures membres dont la Pharmacie Centrale de Tunisie, le Laboratoire National de Contrôle des Médicaments (LNCM), la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM), le Conseil National de l’ordre des Pharmaciens de Tunisie (CNOPT) et l’Association Tunisienne des Médicaments Génériques ATMG, qui a été créée pour soutenir la fabrication locale des médicaments.

Membre du comité, la CNIP boycotte la réunion
Toutefois, cette très attendue réunion a été marquée par l’absence « surprise » de la présidente de la Chambre Nationale de l’Industrie Pharmaceutique (CNIP) Sarra Masmoudi qui aurait choisi de boycotter la réunion pour ne pas s’asseoir autour de la table du dialogue en raison de la présence de l’Association Tunisienne des Médicaments Génériques.
Pis encore, pour accepter « d’honorer » la réunion de sa présence, la présidente de la CNIP et directrice générale des laboratoires pharmaceutiques TERIAK, est allée jusqu’à exiger implicitement l’exclusion de certains membres du comité technique, une « exigence » qui n’a pas été acceptée par la ministre de la Santé. Il semblerait, également, que la présidente de la CNIP a choisi de boycotter ce comité étant donné qu’il a comme principale mission de réviser le guide d’enregistrement qui régit l’octroi des Autorisations de Mise sur le Marché (AMM), ce qui pourrait constituer une menace réelle pour les activités des laboratoires pharmaceutiques qu’elle dirige. En effet, on cherche à travers la révision du guide d’enregistrement à barrer la route aux industriels spécialisés dans « l’accaparation » des AMM.

Industrie Pharmaceutique : quelles priorités ?
La première réunion du comité technique de promotion de l’industrie pharmaceutique a porté sur les prérogatives du comité, les priorités à traiter, la méthodologie du travail à suivre ainsi que les différents projets en cours liés à la promotion du secteur de l’industrie pharmaceutique en Tunisie.
Parmi ces projets en cours on cite particulièrement le projet d’arrêté relatif à l’enregistrement et à l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments à usage humain. Ce projet a pour objectif de:
- Réviser les critères de priorisation de l’évaluation des dossiers d’Autorisation de mise sur le marché
- La classification des modifications des AMM afin d’accélérer le traitement des variations et d’alléger la tâche de leur évaluation au niveau du laboratoire national de contrôle des médicaments.
- Simplifier la procédure de la sous-traitance des médicaments en Tunisie.
- Mise en place d’une procédure pour la fabrication en Tunisie des médicaments destinés uniquement à l’export.
- L’introduction de la notion de Data Matrix, un système d’identification par un code matriciel à deux dimensions permettant ainsi de garantir la traçabilité des produis mis sur le marché et d’éviter le risque de contrefaçon.